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Griselda s’y entend pour vous mettre les nerfs en pelote. En me levant de table, j’étais dans les meilleures dispositions pour préparer à l’intention du cercle paroissial une allocution énergique ; mais à présent j’étais chiffonné et vaguement mal à l’aise.

À l’instant précis où je me mettais au travail, Lettice Protheroe fit une apparition. C’est à dessein que j’utilise le mot apparition ; j’ai lu quantité de romans où la jeunesse déborde d’énergie, de joie de vivre et de vitalité, or si j’en crois mon expérience, tous les jeunes me font l’effet d’aimables apparitions.

Lettice était particulièrement spectrale cet après-midi-là. C’est une grande et jolie fille, blonde et toujours dans la lune. Elle apparut donc à la porte-fenêtre, enleva d’un geste machinal son béret jaune et murmura d’un ton distrait et étonné :

— Tiens ! C’est vous ?

Le sentier de Old Hall coupe à travers bois et débouche juste à la barrière de notre jardin, si bien que la plupart des gens, au lieu d’accéder à la porte d’entrée par la route qui fait un grand tour autour de la maison, préfèrent pousser la grille et se présenter à la porte-fenêtre de mon bureau. Nullement étonné de voir Lettice emprunter ce chemin, je fus néanmoins un peu agacé par ses manières. Si vous vous rendez au presbytère, n’est-il pas normal d’y trouver un pasteur ?

Elle entra donc et se laissa choir dans un de mes grands fauteuils en faisant bouffer ses cheveux, les yeux au plafond.

— Dennis est là ?

— Je ne l’ai pas vu depuis le déjeuner. J’avais cru comprendre qu’il allait jouer au tennis chez vous.

— J’espère qu’il n’en a rien fait. Il n’aura trouvé personne.

— Et pourtant, selon lui, vous l’aviez invité…

— C’est possible, en effet. Mais c’était vendredi. Et aujourd’hui, nous sommes mardi.

— Nous sommes mercredi.

— C’est affreux. C’est donc la troisième fois que j’oublie une invitation à déjeuner (par bonheur, la chose ne semblait guère l’affecter). Griselda est là ?

— Vous devriez la trouver au jardin, dans l’atelier… en train de poser pour Lawrence Redding.

— Mon père a fait toute une histoire au sujet du peintre. Père est terrible.

— Quelle hist… De quoi s’agissait-il ?

— Tout cela parce qu’il fait mon portrait. Père a découvert le pot aux roses. Pourquoi ne pourrais-je pas poser en maillot de bain ? Si je vais à la plage en maillot de bain, pourquoi ne ferait-on pas mon portrait dans cette tenue ? (Après un temps, elle reprit :) C’est vraiment ridicule… Père interdisant sa porte à un jeune homme. Bien sûr, Lawrence et moi n’avons fait qu’en rire. Je pourrais venir ici et nous continuerions dans votre atelier.

— Non, ma chère enfant. Pas si votre père l’a interdit.

— Mon Dieu ! soupira Lettice. Comme les gens sont fatigants ! Je n’en peux plus, je suis à bout. Épuisée. Si au moins j’avais de l’argent, je partirais, mais sans argent, c’est impossible. Si au moins père avait la bonne idée de mourir, tout serait réglé.

— Vous ne devez pas parler ainsi, Lettice.

— Eh bien, s’il ne veut pas que je souhaite sa mort, il ferait bien d’être moins odieux pour les questions d’argent. Rien d’étonnant à ce que ma mère l’ait quitté. Figurez-vous que pendant des années je l’ai crue morte ! Savez-vous comment était le jeune homme avec lequel elle est partie ? Était-il sympathique ?

— C’était avant que votre père ne vienne s’installer ici.

— Je me demande ce qu’elle est devenue. Anne ne tardera pas à avoir une aventure. Elle me déteste… Elle reste polie avec moi, mais elle me déteste. Elle vieillit et, cela, elle ne le supporte pas. Elle a atteint l’âge critique.

Je me demandais si Lettice avait l’intention de passer tout l’après-midi dans mon bureau.

— Vous n’auriez pas vu mes disques, par hasard ? me demanda-t-elle encore.

— Non.

— C’est assommant. J’ai pourtant bien dû les laisser quelque part. J’ai aussi perdu le chien. Et ma montre est Dieu sait où. D’ailleurs, tant pis car elle ne marchait plus. Mon Dieu, je tombe de sommeil. Je me demande bien pourquoi, car je suis restée au lit jusqu’à 11 heures. Mais la vie est épuisante, vous ne trouvez pas ? Oh ! zut, il faut que je me sauve. Je dois aller voir les fouilles du Pr Stone à 3 heures.

Je jetai un coup d’œil à ma pendulette et lui fis remarquer qu’il était 4 heures moins 25.

— Vraiment ? C’est épouvantable ! Pourvu qu’ils ne m’aient pas attendue. Et s’ils étaient partis sans moi ! Je ferais mieux de me dépêcher. (Elle se leva et disparut en jetant par-dessus son épaule :) N’oubliez pas d’en parler à Dennis, n’est-ce pas ?

J’acquiesçai machinalement pour m’apercevoir trop tard que je n’avais pas la moindre idée de ce que je devais dire à Dennis. Puis, m’avisant que cela ne devait guère avoir d’importance, je me mis à penser au Pr Stone, archéologue très connu, installé depuis peu au Sanglier Bleu, pour diriger des fouilles sur la propriété du colonel Protheroe. Plusieurs disputes avaient déjà éclaté entre les deux hommes et je m’étonnais qu’il ait donné rendez-vous à Lettice pour visiter son chantier.

Il me vint à l’esprit que Lettice Protheroe était une chipie. Comment allait-elle s’entendre avec miss Cram, la secrétaire de l’archéologue ? J’étais curieux de le savoir. Miss Cram est une jeune femme de vingt-cinq ans, exubérante et énergique, au teint fleuri, et dont la dentition m’a toujours paru surabondante.

Le village était divisé en deux camps à son sujet : les uns pensaient qu’elle était ce qu’on supposait qu’elle était, les autres la tenaient pour une jeune fille défendant farouchement sa vertu, avec l’idée bien arrêtée de se faire épouser par son patron. Elle est en tout cas l’exact opposé de Lettice. J’imaginais sans peine que tout ne devait pas être facile à Old Hall. Le colonel Protheroe s’était remarié quelque cinq ans auparavant, et la seconde Mrs Protheroe était une très jolie femme, d’une beauté pour le moins originale. Je m’étais toujours douté que les relations entre sa belle-fille et elle manquaient de cordialité.

Je fus à nouveau interrompu, par mon vicaire, cette fois. Hawes voulait connaître les détails de mon entretien avec Protheroe. Je lui rapportai que le colonel avait déploré ses penchants pour le rituel traditionnel mais j’ajoutai que ce n’était pas là l’essentiel des préoccupations de notre voisin. J’en profitai aussi pour lui dire qu’il devait en toutes choses se conformer à mes ordres. Dans l’ensemble, il accepta de bonne grâce mes remarques.

Après son départ, je m’en voulus presque de ne pas l’apprécier davantage. Ces sympathies et antipathies que nous éprouvons vis-à-vis des autres sont peu conformes aux enseignements des Évangiles, cela ne fait aucun doute.

Constatant avec un soupir que les aiguilles de la pendulette sur mon bureau marquaient 5 heures moins le quart, ce qui voulait dire qu’il n’était que 4 heures et demie, je me rendis au salon. Quatre de mes paroissiennes s’y trouvaient réunies autour d’une tasse de thé. Griselda présidait, s’efforçant de prendre l’air naturel ; elle paraissait plus déplacée encore que de coutume.

Je serrai les mains à la ronde et m’assis entre miss Marple et miss Wetherby.

Miss Marple est une vieille demoiselle aux cheveux blancs et aux manières affables et distinguées, tandis que miss Wetherby est d’un tempérament à la fois aigre et fleur bleue. Miss Marple est de loin la plus dangereuse des deux.

— Nous étions en train de parler du Pr Stone et de miss Cram, dit Griselda d’une voix sucrée.

Un refrain leste concocté par Dennis me traversa l’esprit. Miss Cram n’en fait pas un drame… J’eus une brusque envie de le clamer tout haut pour juger de l’effet produit, mais par bonheur, je m’en abstins.

— Aucune jeune fille digne de ce nom ne se le permettrait, déclara miss Wetherby, laconique, en pinçant ses lèvres minces dans une moue désapprobatrice.

— Ne se permettrait quoi ? demandai-je.

— D’être la secrétaire d’un célibataire, déclara miss Wetherby, horrifiée.

— Oh ! ma chère, dit miss Marple, à mon avis, les hommes mariés sont les pires. Rappelez-vous cette pauvre Molly Carter.

— Il faut reconnaître que les hommes mariés vivant séparés de leur femme sont de tristes sires, approuva miss Wetherby.

— Et que dire de certains d’entre eux qui vivent avec leur femme ? murmura miss Marple. Je me rappelle…

— Pourtant, de nos jours, les jeunes filles peuvent travailler tout comme les hommes, dis-je pour couper court à ces réminiscences déplacées.

— Pour courir les routes ? Et loger au même hôtel ? demanda Mrs Price Ridley d’une voix sévère.

— Et dans des chambres situées au même étage, confia miss Wetherby à miss Marple, en aparté.

Elles échangèrent un coup d’œil entendu.

Miss Hartnell, une aimable femme au teint hâlé, véritable terreur des pauvres et des nécessiteux de notre paroisse, fit observer d’une voix à la fois forte et émue :

— Le pauvre homme va se laisser piéger avant même d’avoir compris ce qui lui arrivait. Il est aussi innocent que l’enfant à naître, c’est évident.

Nous employons parfois de bien curieuses tournures. Aucune de ces dames ne se serait avisée de risquer la moindre allusion à un nourrisson avant de le voir de ses yeux dans son berceau.

— C’est contre nature, continua miss Hartnell avec son tact habituel. Il a, au bas mot, dans les vingt-cinq ans de plus qu’elle.

Trois voix de femmes s’élevèrent pour l’empêcher de poursuivre ; on entendit parler tout à coup de l’excursion des enfants de chœur, du regrettable incident survenu lors de la dernière réunion de l’association des mères de famille et des courants d’air sévissant dans notre église. Miss Marple jeta à Griselda un regard pétillant.

— Ne croyez-vous pas, demanda ma femme, que miss Cram aime peut-être tout bonnement faire un travail intéressant, et qu’elle considère le Pr Stone comme un simple employeur ?

Un silence tomba. De toute évidence, pas une de ces dames n’était de cet avis. Miss Marple reprit la parole.

— Vous êtes très jeune, ma chère, dit-elle en tapotant le bras de Griselda. Et les jeunes sont bien innocents.

Griselda rejeta cette idée avec indignation.

— Bien sûr, ajouta miss Marple sans tenir compte de cette interruption, vous ne voyez que le bon côté des gens.

— Croyez-vous vraiment qu’elle veuille épouser ce bonhomme triste et chauve ?

— J’ai cru comprendre qu’il avait quelque fortune, observa miss Marple. Mais il est, semble-t-il, d’un tempérament plutôt violent. L’autre jour, il a eu une dispute assez sérieuse avec le colonel Protheroe. (Toutes se penchèrent avec intérêt.) Le colonel Protheroe l’a traité d’âne bâté.

— C’est tout le colonel Protheroe ! Voilà qui est stupide ! s’écria Mrs Price Ridley.

— C’est tout le colonel Protheroe, mais ce n’est pas si stupide, répliqua miss Marple. Vous souvenez-vous de cette femme qui avait fait le tour du village en prétendant représenter le service social ? Elle avait recueilli des cotisations et on n’avait plus jamais entendu parler d’elle ; on a découvert ensuite qu’elle n’avait rien à voir avec le service social. Nous avons trop tendance à faire confiance aux gens et à prendre pour argent comptant tout ce qu’ils nous disent.

Pour ma part, je ne me serais jamais risqué à dépeindre miss Marple comme quelqu’un de confiant et de crédule.

— Il y a eu une scène à propos de ce jeune artiste, Mr Redding, n’est-ce pas ? demanda miss Wetherby.

Miss Marple acquiesça.

— Le colonel Protheroe l’a chassé de chez lui. Il paraît qu’il faisait le portrait de Lettice en costume de bain.

Émoi bien compréhensible chez ces dames !

— Je me suis toujours doutée qu’il y avait quelque chose entre eux, dit Mrs Price Ridley. Ce jeune homme passe sa vie à traîner dans les parages. Quel malheur que cette petite n’ait plus sa mère ! Une belle-mère, ce n’est pas la même chose.

— Je dois reconnaître que Mrs Protheroe fait de son mieux, dit miss Hartnell.

— Les filles sont si cachottières, déplora Mrs Price Ridley.

— Quelle belle histoire d’amour, soupira la sentimentale miss Wetherby. Il est si beau garçon !

— Mais bien peu recommandable, trancha miss Hartnell. Un artiste ! Paris ! Les modèles ! Le nu !

— Faire son portrait en costume de bain, dit Mrs Price Ridley, ce n’est guère convenable…

— Il fait aussi le mien, avoua Griselda.

— Mais pas en costume de bain, ma chère, corrigea miss Marple.

— C’est peut-être pire, déclara Griselda avec sérieux.

— Farceuse, dit miss Hartnell, pour ne pas être en reste.

Les autres me parurent un peu choquées.

— Lettice vous a-t-elle parlé de ce problème ? me demanda miss Marple.

— À moi ?

— Oui, je l’ai vue traverser le jardin en direction de votre bureau.

Miss Marple voit toujours tout. Sous prétexte de jardiner et d’observer les oiseaux à la jumelle, elle surveille son monde.

— Elle y a fait allusion, oui, admis-je du bout des lèvres.

— Mr Hawes avait l’air préoccupé, continua miss Marple. J’espère qu’il n’a pas travaillé trop dur.

— Oh ! s’exclama Mrs Wetherby, j’allais oublier. Je savais bien que j’avais quelque chose à vous dire. J’ai vu le Dr Haydock sortir de chez Mrs Lestrange.

Toutes ces dames s’entre-regardèrent.

— Serait-elle souffrante ? suggéra Mrs Price Ridley.

— Dans ce cas, cela se sera déclaré très brusquement, fit miss Hartnell, car je l’ai vue se promener dans son jardin, à 3 heures de l’après-midi, et elle semblait en parfaite santé.

— Le Dr Haydock et elle sont peut-être de vieilles connaissances, dit Mrs Price Ridley. Il est très discret à ce sujet.

— N’est-ce pas curieux qu’il n’en ait jamais parlé ? demanda miss Wetherby.

— À propos…, chuchota Griselda d’un air mystérieux avant de s’interrompre. (Ces dames prêtèrent l’oreille.) Il se trouve que je sais, reprit mon épouse d’une voix vibrante, que son mari était missionnaire. C’est une histoire terrible. Il a été dévoré par les cannibales. Oui, et figurez-vous qu’elle a été contrainte de devenir la femme du chef de la tribu. Le Dr Haydock faisait partie de l’expédition qui l’a secourue.

Il y eut un instant de vive émotion, puis miss Marple dit d’un ton de reproche mais avec un sourire : « Farceuse ! » en gratifiant ma femme d’une tape réprobatrice sur le bras.

— Ce ne sont pas des choses à faire, ma chère ; si vous inventez des histoires pareilles, les gens sont bien capables de les croire. Et cela pourrait entraîner des complications.

Il y eut un froid. Deux des invitées se levèrent pour partir.

— Je me demande s’il y a quelque chose entre le jeune Lawrence Redding et Lettice Protheroe, lança miss Wetherby. On dirait bien que tel est le cas. N’est-ce pas votre avis, miss Marple ?

— Certes non. Il ne s’agit pas de Lettice mais d’une tout autre personne, à mon avis, répondit miss Marple d’un air pensif.

— Mais le colonel Protheroe a dû penser…

— Le colonel Protheroe m’a toujours paru assez stupide, coupa miss Marple. Il est homme à se mettre une fausse idée en tête sans vouloir en démordre. Vous rappelez-vous Joe Bucknell, du Sanglier Bleu ? Quel scandale n’a-t-il pas fait au sujet de sa fille qui flirtait, prétendait-il, avec le jeune Bailey ! Alors qu’en fait, c’était sa friponne de femme qui flirtait avec ce sacripant.

Comme elle fixait Griselda tout en parlant, je sentis soudain une vague de colère m’envahir.

— Ne croyez-vous pas, miss Marple, dis-je, que nous avons tendance à avoir la langue trop bien pendue ? Il n’est guère charitable de voir le mal partout, et les langues de vipère peuvent causer bien du tort.

— Cher pasteur, dit miss Marple, vous vivez si retiré du monde… Mais laissez-moi vous dire qu’à force d’observer la nature humaine, je finis par me demander s’il y a grand-chose à en attendre. Je reconnais que les commérages sont parfois peu charitables et bien cruels, mais hélas ! ils révèlent bien souvent la vérité.

Et sur cette dernière flèche du Parthe, miss Marple prit congé.

 

L'affaire Prothero
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